JAZZ RHONES ALPES

GIORGIO ALESSANI « Kissed by the Mist » (Joe Music / Quart de Lune)

Reçu au soir du 13 juillet, cet album résonne comme un feu d’artifices et l’on ne pouvait trouver mieux pour prendre l’autoroute sous les étoiles, fenêtres grandes ouvertes à défaut d’un cabriolet qui eut été parfait pour aller sillonner la Riviera. On sait très peu de choses sur Giorgio Alessani, chanteur-compositeur et instrumentiste (piano et batterie) d’origine romaine et installé à Paris, que j’avoue découvrir à travers ce « Kissed by the Mist » qui est pourtant son troisième album. Physique de chanteur lyrique sans âge prédéfini -même si la voix laisse poindre une relative jeunesse-, le ténébreux barbu vient s’inscrire dans le club plutôt restreint des néos-crooners qui nous ont dernièrement enchantés tels que Hugh Coltman et Walter Ricci. Avec un médium magique permettant sans jamais forcer de monter dans les aigus sans passer en voix de tête ou de descendre dans les graves sans jamais être caverneux, le classieux jazzman offre un tissu vocal exceptionnel, un brocart richement chamarré  tout tendu de soie et de velours comme le sont pareillement les arrangements et orchestrations luxuriantes des violons (signées Jean Gobinet) et des cuivres qui ourlent les chansons écrites par le poète new-yorkais Cédric Mc Clester. Si l’on ne se penchait sur le livret lors d’une écoute à l’aveugle, on pourrait croire à l’une de ces solides productions américaines rutilantes, et la surprise n’en est que plus réjouissante quand on découvre qu’il s’agit là du Star Pop Orchestra, premier orchestre symphonique « pop » français que dirige avec maestria Christophe Elliot (notre John Williams à nous) réputé pour ses ciné-concerts et déjà présent entre autres pour l’Olympia de Melody Gardot. Mieux, tout le gratin du jazz hexagonal est là avec Dédé Ceccarelli (batterie) et Diego Imbert (basse) pour la rythmique, Cédric Hanriot au piano et, côté cuivres, Bastien Ballaz au trombone, Cédric Ricard au sax ténor et David Enhco aux trompette et bugle. Forcément, ça sonne brillamment avec une telle dream team, même si les plus grincheux des puristes pourraient trouver tout ça trop mainstream, trop léché, trop… propre quoi. Le son FM, limpide et lumineux de cet album  qui « cooool » de source contribue encore à donner à l’ensemble des compos une couleur typiquement west-coast des années 80-90, quelque part entre Donald Fagen (Steely Dan) et Gino Vannelli. Mais c’est très souvent que l’on pense à Fagen, notamment sur Eventually (où Jean Gobinet signe un beau solo de trompette bouchée), comme sur l’entêtant I Used to play Around et surtout, sur le très séduisant titre éponyme Kissed by the Mist en clôture, au fil de cet opus de dix titres enjôleurs (comme encore How many ways are there to say I’m sorry). Un savoureux mélange de jazz classique et d’harmonies contemporaines où resplendissent en alternance le swing (j’adore notamment le groove de 50 Shades of Blues) et les ballades sensuelles telles I now Regret. Passé en boucle durant ces deux mois sous le soleil, ce « Kissed by the Mist » est assurément mon disque de jouvence estivale et a tous les atouts charmeurs pour être celui de votre été indien, puisqu’il ne sera dans les bacs que le 25 septembre prochain.

 

 

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